• Premiers jours

    Cet après-midi est nuageux et moins venteux que les jours précédents. Hélas, s'il fait moins froid -en dessous de 22 degrés, comme rien n'est chauffé ici, on travaille avec le manteau sur le dos,- le taux de pollution atteint des sommets. Cela rend le quartier particulièrement épouvantable à vivre.

    Il faut dire que le parc automobile est à peu près aussi moderne et écologique que celui de l'Allemagne lors de la réunification et que depuis trois mois, les éboueurs ne passent que deux fois par semaine en raison de l'engorgement des décharges avoisinnantes. Ca ne vaut certainement pas Calcutta, mais se promener en talons hauts sur les trottoirs défoncés puant la pisse et envahis de mendiants, de vendeurs de pois chiche ou de tapis, dans un vacarme de cris et de klaxons a un côté terriblement décalé et assez éprouvant.

    Pourtant, je commence à apprécier les façades décrépies, la nonchalance des piétons au milieu des rues, les odeurs de friture et d'encens omniprésentes, les immeubles ou les maisons coloniales désaffectées, les magasins aux vitres cassées. J'ai commencé à prendre des photos en n&b de ma cour intérieure et je compte poursuivre l'examen de la ville à la recherche de tout ce qu'elle compte d'insalubre. Histoire d'exorciser sans doute ce sentiment de culpabilité que j'ai ressenti en arrivant, de le muer totalement en humilité.

    Mes interlocuteurs prétendent que la corruption et le pillage organisé des richesses locales par des fonctionnaires véreux est responsable de la dégradation choquante de la plupart des quartiers de la ville. A mon arrivée, j'ai malheureusement eu droit à la façade la moins reluisante de la ville. Tous mes préjugés intériorisés ont trouvé un écho dans le spectacle qui m'était offert, d'autant plus fort que j'étais physiquement et psychologiquement déprimée. Mais avec les premiers coups de fil reçus et donnés, avec les premiers mails, les premiers cafés et repas partagés avec des autochtones cultivés -donc parlant bien français, c'est important pour moi qui ne parle pas l'arabe de pouvoir communiquer juste-, l'hospitalité légendaire mais bien réelle des marocains, tout m'a semblé plus lumineux ici. Rapidement, j'ai pu voir d'autres quartiers de Casa, des bars modernes fréquentés par des jeunes ou moins jeunes des deux sexes, des magasins presque trop occidentaux, des bâtiments neufs ou rénovés et donc, imaginer ma place ici, à Casa.

    Tiens, par exemple sais-tu qu'il est interdit de couper un palmier au Maroc ? Qui souhaite construire une route ou une maison doit composer avec cette contrainte. Il y a une avenue transpercée d'arbres où rouler est un exercice périlleux de slalom.Un facteur de stress important c'est la perte des repères alimentaires ; mais là aussi, je sens que je ne tarderai pas trop à trouver mes marques et a priori sans que ma silhouette en pâtisse trop. En face du bureau, de l'autre côté du boulevard -pollué- Mohammed V, il y a en fait le marché central, enceint par des immeubles. Je suis tombée dessus presque par hasard et y ai acheté quelques clémentines, des kiwis. Si je n'avais pas eu à retourner travailler, j'aurais pris des radis, des salades, des aubergines, des figues séchées, de grosses dattes, des variantes et j'aurais acheté un beau bouquet de fleurs ainsi que quelques plats en grès. Puis j'ai dégusté pour me réchauffer une galette de semoule, nature, légèrement poëlée. Un délice !


  • Commentaires

    1
    judith
    Mardi 10 Février 2004 à 10:56
    bo blog
    très beau blog, fait voyager, esthétique, intéressant. Bravo !
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